Spinoza et le spinozisme by Pierre-François Moreau

Spinoza et le spinozisme by Pierre-François Moreau

Auteur:Pierre-François Moreau [Moreau, Pierre-François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Philosophie, Que sais-je
Éditeur: PUF
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Le Traité politique

Ce livre a occupé, sans doute, les deux dernières années de la vie de Spinoza (1675-1677). À la différence du Traité théologico-politique, il ne vise pas à répondre à une question délimitée ; il s'agit d'exposer l'ensemble des matières qui concernent la vie des hommes dans la société civile. Les cinq premiers chapitres exposent les principes ; les six suivants sont consacrés à décrire les trois imperia (c'est-à-dire les trois types d'État, plutôt que les trois gouvernements) : monarchie, aristocratie, démocratie. Le texte s'interrompt peu après le début du chapitre sur la démocratie. Une lettre de l'auteur à un correspondant anonyme nous apprend qu'il aurait dû comprendre en outre des chapitres sur les lois et sur « les autres questions particulières concernant la politique ».

Le principe de méthode qui est affirmé avec plus de fermeté que jamais est la nécessité de regarder les phénomènes humains comme ils sont et non pas à la lumière d'une essence supposée ou de ce qui est souhaitable. On peut parler d'un antiplatonisme politique de Spinoza : face à la longue tradition qui identifie bon gouvernement et gouvernement par les bons (les sages, les philosophes, les princes bien instruits et vertueux), le TP affirme avec force que la vertu des dirigeants est indifférente à la politique. Des institutions qui ne tiennent que par la vertu ou la raison des citoyens, et notamment des chefs de la Cité, sont de mauvaises institutions. Non que la politique ici décrite soit cynique ; mais c'est à l'État de rendre les hommes vertueux et non d'attendre qu'ils le soient.

Spinoza souligne lui-même que, pour comprendre la nature des hommes, il faut revenir à ce qu'il a dit dans l'Éthique. Mais, pour en épargner le détour, il en réexpose sinon tout le contenu, du moins les résultats essentiels pour la politique. C'est donc la dernière fois que Spinoza a l'occasion de présenter son « ontologie de la puissance » (A. Matheron). Cette version est probablement la plus radicale. Elle permet de constater une nouvelle fois que les mêmes thèmes peuvent acquérir une signification et une vigueur nouvelles lorsque d'autres formes d'exposition leur en donnent le moyen. Le thème de l'enracinement de la puissance humaine dans la puissance divine acquiert ici une nouvelle force : alors que, dans le Court Traité, il tendait à effacer en quelque sorte l'autonomie humaine, et que dans l'Éthique les deux s'équilibraient, ici au contraire il sert à adosser irrésistiblement le droit humain à son fondement divin - donc à balayer tout ce qu'on pourrait lui opposer d'extérieur à lui.

On a remarqué que le langage du contrat est abandonné, alors qu'il occupait une place centrale dans le chapitre XVI du TTP. Ce qui le remplace ici, ce sont les équilibres de passions, d'intérêts et d'institutions. On a donc pu se demander (Menzel) si ce changement marquait une évolution d'un traité à l'autre. En fait, il faut noter que dès le TTP le contrat n'apparaissait que comme un langage - une expression théorique qui ne concordait guère avec la pratique.



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